The Third murder
Le grand avocat Shigemori est chargé de défendre Misumi, accusé de vol et d’assassinat. Ce dernier a déjà purgé une peine de prison pour meurtre 30 ans auparavant. Les chances pour Shigemori de gagner ce procès semblent minces, d’autant que Misumi a avoué son crime. Pourtant, au fil de l’enquête et des témoignages, Shigemori commence à douter de la culpabilité de son client. Si Hirokazu Kore-eda semble changer de registre avec ce thriller judiciaire ample et opaque, il conserve cette grande délicatesse dans la mise en scène de personnages blessés par la vie, et cette capacité à bouleverser nos certitudes.
Si The Third Murder marque une rupture dans la filmographie du stakhanoviste cinéaste japonais - un film par an ou presque depuis I Wish, en 2011 -, c’est ainsi moins dans son sujet et sa forme, moitié film policier, moitié film de procès, que dans son rapport aux images. Surtout vanté pour ses qualités de directeur d’acteurs, notamment les enfants et les non-professionnels, à qui il a souvent permis de réaliser des prodiges devant sa caméra, Hirokazu Kore-eda est un metteur en scène prudent, réservé, adepte de l’écriture blanche, dont on oublie souvent de commenter les choix de cadre ou de valeur de plan. The Third Murder, qui intègre des séquences au drone et des pures visions poétiques, nous ramène à ses tout premiers longs métrages, Maborosi (1995) et After Life (1999), qui exploraient les territoires flottants du rêve et de la vie immédiatement après la mort.
Aussi, si le film s’appuie sur quelques séquences naturalistes parmi les plus poignantes sur la misère sociale dans le Japon en crise depuis le Tokyo Sonata de Kurosawa («Les gens qui n’auraient pas dû naître, ça n’existe pas»), l’enquête au cœur du film profite beaucoup de la semi-pénombre dans laquelle sont plongés la plupart des lieux traversés - ou habités - par ses protagonistes.
Assez peu engageant dans sa facture de polar télé et ses discours ambigus assénés ici ou là sur l’éventuelle pertinence de la peine de mort, The Third Murder n’en reste pas moins le film le plus complexe et retors de Kore-eda depuis Nobody Knows, en 2004 – et à ce titre, si ce n’est le plus plaisant, l’un de ses plus intéressants.
Séances
Ce film a été programmé en 2018 dans les cinémas associatifs suivants :
• La Turballe, Cinéma Atlantic
• Le Pouliguen, Cinéma Pax
• Saint-Nazaire, Cinéma Jacques Tati
• Préfailles, Cinéma L'Atlantique
• La Turballe, Cinéma Atlantic
• Le Pouliguen, Cinéma Pax
• Saint-Nazaire, Cinéma Jacques Tati
• Préfailles, Cinéma L'Atlantique