Pour personne l’art n’est superflu !
Si je ne sais ce que nous retiendrons dans quelques mois de cette perspective souvent trop légèrement annoncée "d’un monde d’après", je suis farouchement déterminé à ce que la culture y retrouve toute sa place - plus qu’avant même. Pour toutes et tous. Parce qu’elle nous grandit, à tous les âges de la vie. Parce que la place qu’on lui accorde dit aussi quelque chose des valeurs qui animent notre société.
Lorsque le numérique nous abonde d’images partout et à toutes heures, l’expérience d’une projection dans une salle de cinéma est d’une autre nature : l’on choisit "d’entrer" en salle pour goûter le temps d’une séance, avec d’autres, à cette parenthèse hors de notre quotidien. Une plateforme en ligne est un outil de distribution, une salle est un lieu de vie culturelle, c’est incomparable. Un algorithme aussi puissant soit-il ne fait pas le sel de l’humanité.
Aussi je tiens à saluer la détermination des professionnel.les et bénévoles des salles de cinéma de Loire-Atlantique pour "tenir le coup" humainement et économiquement, avec pour seule perspective : partager à nouveau avec le public cette passion. Je sais les difficultés auxquelles elles, ils ont dû et doivent toujours faire face.
Être solidaire c’est d’abord je le crois être à l’écoute de l’autre. C’est avec ce permanent souci d’échanges que le Département de Loire-Atlantique a choisi depuis le printemps 2020 de mobiliser un fonds exceptionnel de soutien pour aider les acteurs culturels associatifs à faire face. Nous l’avons prolongé et resterons présents pour accompagner une reprise qui d’évidence sera progressive. C’est également cette attention aux dynamiques collectives qui nous a conduit il y a 15 ans à confier au Cinématographe Ciné-Nantes Loire-Atlantique l’accompagnement du réseau des salles de cinéma associatives du département (SCALA).
Le travail de cette belle équipe permet notamment à 35 salles de programmer des films d’art et d’essai, des films du patrimoine, des films pour enfants et de participer à des grands festivals. Il est aujourd’hui primordial pour ensemble inventer demain. Cette nouvelle édition de PlayTime, préparée dans les conditions que l’on sait en est un beau témoignage.
Pour dire combien nous aimons le cinéma. Qu’il est fragile mais vivant !
Philippe Grosvalet
Président du Département de Loire-Atlantique
PlayTime 2021 : fêtons le retour des cinémas associatifs
300 jours de fermeture, 300 jours d’écran noir, 300 jours de salles de spectacles indument fermées.
Alors qu’une salle de classe ne peut pas être comparée à une salle de cinéma, alors qu’enseignantes et enseignants "bataillent" afin de donner du sens à la profession pour laquelle ils et elles s’investissent au quotidien depuis de nombreuses années, ils et elles n’ont pas eu la possibilité de travailler avec leurs partenaires de la culture. Nous, cinémas, avons été privés d’enfants, de collégiennes et de collégiens, de lycéens et de lycéennes, de tous ceux et de toutes celles pour qui l’accès à la culture est essentiel. Pendant ces longs mois nous avons rêvé pouvoir les accueillir, nous avons rêvé pouvoir participer aux côtés des pédagogues à la mise en oeuvre de dispositifs qui auraient permis à tous et toutes de traverser avec bon sens cette période.
Ne rêvez pas ! Nous avons été déclarés non essentiels. Fin des illusions et pourtant, alors que les équipes entretenaient avec fatalisme leurs équipements, que certain·es conseillaient des ressources audiovisuelles, que d’autres allaient dans les établissements scolaires, nous avons essayé, au quotidien, de montrer que le cinéma n’allait pas se réduire au petit écran, que le film en salle est encore possible. Nous pensons avoir gardé nos principes de salles indépendantes en nous éloignant au maximum des modèles économiques qui génèrent, y compris et surtout en période de crise, une surconsommation de l’image et du numérique.
La petite lucarne d’ouverture de juin à octobre 2020 a montré combien nos lieux étaient essentiels : nous avons vu revenir le public dans nos salles – même avec le visage masqué et les mains enduites de gel –, avec son envie de retrouver les équipes et de revivre ensemble le noir de la salle et l’image sur grand écran. Des semaines de plaisir pour les cinémas qui ont ouvert dans cette période, même si l’organisation du contexte sanitaire d’une part et d’autre part l’organisation de la programmation restaient difficiles. Tout cela a pu arriver car des volontés fortes permettent que notre territoire puisse être au plus proche des citoyens et citoyennes : les associations dans un premier temps, les salarié·es qui ont dû s’adapter à ces contextes inédits et les collectivités qui ont réagi très rapidement pour accompagner financièrement les structures. Merci au Conseil Départemental qui, toujours présent auprès des salles, n’a pas baissé la garde et dans les périodes les plus difficiles a travaillé avec tous ses partenaires pour que la culture puisse arriver auprès des publics les plus éloignés. Tout était prêt pour repartir dans les collèges à la rentrée, et même si les salles ont dû fermer, collégiens et collégiennes ont bénéficié d’ateliers "cinéma" au sein de leurs établissements.
C’est pourquoi ce PlayTime 2021 sera une fête au niveau du département, un rendez-vous que nous attendons tous et toutes : retrouver la culture, retrouver nos cinémas. Réjouissons-nous c’est la fête des images, ensemble nous allons retrouver l’émotion – peut-être le rire, peut-être la peine – et ni le masque ni la jauge ne nous empêcherons d’être heureux et heureuses, car nous le savons que LA CULTURE EST ESSENTIELLE.
Catherine Cavelier
Membre fondatrice et co-Présidente du Cinématographe Ciné-Nantes Loire-Atlantique