"À tous les âges de la vie la culture nous agrandit"
Voilà la 4ème édition de PlayTime, le festival des cinémas associatifs de Loire-Atlantique !
La Loire-Atlantique est un territoire dynamique, cela se vérifie aussi du côté des salles obscures. Les chiffres de fréquentation sont bons mais la vitalité du cinéma c’est aussi la diversité des films projetés, dans tous les genres, et le nombre de salles accessibles en proximité. Dans toutes les disciplines, la culture doit irriguer partout et permettre l’expression des artistes, la rencontre des œuvres et de tous les publics. Les équipes associatives qui, partout dans le département, font vivre des salles de cinéma participent au quotidien à cet élan. Bravo !
Fort de ces principes le Département a confié depuis 2006 au Cinématographe Ciné-Nantes Loire-Atlantique, l’accompagnement du réseau des salles de cinéma associatives du département (SCALA). Le travail réalisé est remarquable et je tiens à saluer toutes celles et ceux qui y contribuent : SCALA c’est permettre, dans un réseau de 35 salles, la circulation de films d’art et essai, de films du patrimoine, de films pour enfants et de participer à des grands festivals. Des formations et des ateliers sont aussi proposés aux bénévoles et salarié·es des cinémas associatifs. Et chaque année désormais SCALA c’est aussi PlayTime, une magnifique "récréation" cinéphilique.
Mais l’impact des inégalités, sociales, financières, territoriales – l’économie de la distribution des films également - nécessitent une constante vigilance. L’équilibre budgétaire d’une salle de cinéma indépendante est fragile et conjuguer le confort des spectateurs·rices, une programmation attractive et l’exigence d’un projet culturel est une vraie démarche militante.
Permettre la circulation des œuvres, la diversité des programmes, leur diffusion la plus large possible, c’est d’abord, j’en suis convaincu, un choix politique parce que c’est reconnaitre la culture pour chacun·e comme une force d’émancipation.
L’ambition d’une politique culturelle en matière de cinéma tient au fond dans une formule assez simple : donner à chacun le droit du plaisir de découvrir un film, se laisser traverser par la beauté, la force d’une mise en scène, la puissance d’un propos. C’est une bataille toujours à recommencer. Parce que s’engager pour la culture pour toutes et tous c’est considérer tout être humain avec une égale dignité.
Oui, à tous les âges de la vie la culture nous agrandit. Vivons avec passion le cinéma !
Philippe Grosvalet
Président du Département de Loire-Atlantique
PlayTime : Fêtons le cinéma en Loire-Atlantique
Rien n’est un hasard, surtout dans le contexte actuel où 2018 a été une année morose pour le "cinéma" : baisse des entrées, baisse des recettes. Pourquoi cette morosité ne semble pas atteindre la plupart des salles associatives ? En 2017, sur les 35 salles de cinéma associatives du département, 31 sont classées Art et Essai et dans des territoires ne dépassant pas les 20 000 habitants certaines salles ont au moins 2 labels sur les 3 existants (jeune public, recherche et découverte, patrimoine et répertoire). Ces chiffres placent le département de Loire-Atlantique à la première place française en nombre de salles classées.
C’est le reflet d’une dynamique et d’un engagement des équipes, et même si la concurrence reste parfois "féroce", certaines salles ont su trouver, par un travail de proximité avec habitant·es et partenaires de leur commune, une place en tant qu’acteur culturel d’une part et partenaire du lien social d’autre part. La labellisation jeune public des salles (18 salles dans le département) montre leur volonté de proposer aux jeunes spectateurs et spectatrices une programmation de qualité, et le grand succès des séances du dimanche matin montre l’appétence des usagers et usagères pour ces propositions.
C’est aussi le reflet de l’engagement d’une collectivité auprès des salles de son territoire. Cet engagement exemplaire et durable a permis, permet et permettra aux cinémas de résister à une concurrence sans limite qui utilise le prétexte culturel pour assouvir ses ambitions économiques. Le Conseil Départemental de Loire-Atlantique n’est pas qu’un simple financeur auprès des salles, c’est un partenaire dans toutes les facettes de sa politique : son investissement dans Collège au Cinéma 44 faisant partie de son plan "Grandir avec la culture", ou encore sa politique d’accessibilité à la culture pour tous et toutes dans tous les territoires.
Réjouissons-nous de cet investissement, au jour où certaines villes pourraient voir disparaître le cinéma indépendant – nous pensons aujourd’hui tout particulièrement à Quimper et aux menaces qui pèsent sur l’association Gros Plan – où certaines salles de centre-ville, bien souvent familiales, pourraient être remplacées par des "Cinéma Market", à l’image des enseignes d’hypermarchés qui développent des épiceries de proximité.
Réjouissons-nous qu’il soit encore possible en Loire-Atlantique de garder la diversité culturelle et fêtons le cinéma pendant la quinzaine PlayTime, que petits et grands découvrent des films, rencontrent des professionnel·les et voyagent de par le monde… Seulement du plaisir et surtout ne pas manquer pour les tout-petits le ciné-concert de Bocage sur les Contes chinois, pour les plus grands la carte blanche à l’acteur Philippe Rebbot en sa présence ainsi que la diffusion dans de nombreuses salles de Breaking Away, film culte aux États-Unis mais trop peu connu en France.
Rien n’est un hasard, la situation du cinéma indépendant en Loire-Atlantique est le fruit d’une énergie collective et d’une volonté politique.
Catherine Cavelier
Membre fondatrice et vice-présidente du Cinématographe Ciné-Nantes Loire-Atlantique