France, 2017, 0h57, documentaire
Midnight Ramblers
Nuit après nuit, Kye, Tobie, Paul, Kim et Tattoo errent dans le labyrinthe des avenues et des ruelles de Montréal. Ils se soutiennent les uns les autres et la drogue les accompagne tous. C’est une échappatoire et en même temps, ce qui les empêche de s’en sortir. Kye, la plus jeune, rêve parfois d’un ailleurs.
Peut-on parler d’un film solaire pour un documentaire qui ne se passe que la nuit ? C’est en tout cas la sensation qui étreint, dès les premiers plans de Midnight Ramblers, tourné au coeur des rues de Montréal, dans une proximité que l’on pourrait imaginer, sur le papier, suspecte avec des sans-abris toxicomanes. Mais Julian Ballester ne voit manifestement pas que cela : il voit aussi (avant tout ?) la beauté qui s’immisce dans leurs rêves et jusque dans les chants qu’ils entonnent pour quelques pièces. L’esthétique de l’image et le tranchant du montage font beaucoup dans la séduction immédiate qu’opère sur le spectateur la véracité du réel filmé. L’impression d’être plongé dans un film indé new-yorkais (tendance frères Safdie) est nuancée par l’approche humble et compréhensive du cinéaste. Lorsque l’un de ses personnages se pique devant sa caméra, l’éthique commande de s’interroger sur le bien-fondé de l’acte de filmer : mais il n’est pas qu’un simple « capteur » de ce qu’il observe, et fait de son dispositif un moment d’écoute et d’échange. Fragiles, évanescents, vite engloutis par la fausse puissance rédemptrice de la drogue, ces moments font du film une odyssée tragique (donc à la fois belle et triste) en milieu hostile davantage qu’une chronique sociale.
Nicolas Bole, Le blog documentaire
Séances
Ce film a été programmé en 2018 dans le cinéma associatif suivant :
• Nantes, Le Cinématographe
• Nantes, Le Cinématographe