Mes frères

Quels sont les grands axes de votre mise en scène dans Mes Frères ?

Le film nous ouvre le chemin de la captivité à la liberté, du mensonge à la vérité. Mes cadres sont déterminants tout au long de l’histoire. Du très large au plus serré. De l’espace à l’asphyxie, de l’air à l’agonie. Dans les premiers temps du film, après les premières séquences de 1998, on a des plans larges, des plans longs, un temps qui s’écoule sans pression aucune. Le temps s’est figé sur l’île. Et si le premier tiers du film peut paraître lent, c’est une véritable intention de mise en scène que je revendique pour plonger le public dans la vie désormais sans fantaisie d’Eddy et de Rocco. Puis, tout va progressivement se précipiter à l’arrivée de Lola. L’espace et le temps seront plus palpables et envahissants. C’est au cours du film que les cadres s’étriqueront et que la durée des plans pourra se raccourcir. Au fur et à mesure que Rocco se désagrège, la forme du film est plus oppressante. Des plans plus courts, plus serrés comme une lente agonie, qui courent et se collent aux derniers souffles de Rocco. La séquence de la noyade apparaît comme un soulagement. Les scènes qui suivent reprendront enfin de l’espace. De nouveau de la liberté, des horizons, de l’air pour mieux digérer ce dont nous aurons été les témoins impuissants.

Entretien avec le réalisateur, extrait du dossier de presse