avec Kabwita Kasongo, Lydie Kasongo
En 1h36, Makala ne raconte rien de plus que cette expédition d’escargot, et pourtant c’est prodigieux. C’est stupéfiant, parce qu’en filmant le labeur dans sa durée, il montre du temps. Comment ? En le faisant peser de plus en plus lourd sur les épaules de son personnage, et exister physiquement. C’est tangible lorsque le chargement bascule au bord d’une route : cette masse échouée représente un gain potentiel, et il ne faut pas moins de quatre paires de bras pour la relever – c’est la double charge du temps passé à travailler (que représente sa cargaison), et du temps perdu qui s’accumule. Il faut voir, au bout du chemin, son charbon s’écouler en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, et surtout le frêle profit qu’il en tire, pour comprendre à quel cycle éternel il appartient : sitôt vendu qu’il faut déjà recommencer. Mais tout cela ne serait rien, ou pas grand-chose, sans le regard d’Emmanuel Gras, dont la caméra semble en apesanteur. Les images flottent à la surface du réel, et le récit s’écarte nonchalamment du présent de l’action pour se donner des airs de mythe, faisant de cet anonyme villageois un petit Sisyphe.
Adrien Dénouette, Critikat
Séances
• Clisson, Cinéma Le Connétable
• Saint-Nazaire, Cinéma Jacques Tati
• Le Pouliguen, Cinéma Pax
• Bouguenais, Cinéma Le Beaulieu
• La Turballe, Cinéma Atlantic
• Nantes, Le Cinématographe