Corée du Sud, 2017, 1h41
avec Min-Hee Kim, Young-hwa Seo, Hae-hyo Kwon
avec Min-Hee Kim, Young-hwa Seo, Hae-hyo Kwon
Seule sur la plage la nuit
Quelque part en Europe. Younghee a tout laissé derrière elle : son travail, ses amis et son histoire d'amour avec un homme marié. Seule sur la plage, elle pense à lui : elle se demande s'il la rejoindra. Gangneung, Corée du Sud. Quelques amis trinquent : ils s'amusent de Younghee qui, ivre, se montre cruelle à leur égard. Seule sur la plage, son coeur divague : elle se demande combien l'amour peut compter dans une vie.
Depuis Cannes (La Caméra de Claire), Séoul (Le Jour d’après) et Hambourg (Seule sur la plage la nuit), Hong Sang-soo a frappé trois fois en 2017 réinventant chaque fois avec une grâce inédite les figures et partitions réitérées de ses films précédents. Il y aura donc ajouté cette année un don d’ubiquité tout aussi remarquable. Les points communs entre les trois films ne manquent pas. La même et différente émotion subtile s’insinue, pourtant imprévisible, en leur coeur rétif à toute forme de pathos. Trait d’union entre les trois films, Kim Min-hee, récompensée par le prix d’interprétation féminine à la dernière Berlinade, l’est aussi entre deux bords de mer que tout éloigne, celle du Nord (comble de l’exotisme !) et la station balnéaire de Gangneung, où elle déambule pour se remettre d’une expérience amoureuse malheureuse avec un réalisateur marié. Conversations entre amis, dîners, soirées alcoolisées, promenades s’enchaînent ponctuellement accompagnés par la gravité bouleversante de l’adagio de Schubert, révélant sous la simplicité apparente de la forme, la complexité de douleurs irrémédiables.
Jérôme Baron, Festival des 3 Continents