Divines

de Houda Benyamina



France-Qatar, 2016, 1h45
avec Oulaya Amamra, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda

Divines
Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.
 
Des mouflettes de banlieue, tchatche et rage de vivre chevillées au corps, on en a vu beaucoup, depuis L'Esquive d'Abdellatif Kechiche jusqu'à Bande de filles de Céline Sciamma. Mais les deux gamines de Divines ne ressemblent qu'à elles-mêmes. Elles forment ensemble un tourbillon, passant à pleine vitesse du comique au tragique et de la chronique sociale au polar haute tension. La réalisatrice récupère et brasse tous les clichés qui traînent au pied des cités pour en faire quelque chose d'étonnamment neuf, de frais et singulier. Rien que dans leur apparence, les inséparables Dounia et Maimounia, perpétuellement en maraude dans leur quartier désolé, se distinguent du lot commun. La première, dissimulant sa beauté sous d'informes blousons masculins, est aussi menue, tendue et énervée que la seconde est grande, costaude, douce et enveloppante. Le film prend le temps de nous faire vivre et goûter leur amitié à la vie à la mort, comme on n'en expérimente qu'à l'adolescence. De vidéos sur télépho­ne portable en chahuts divers, soudées contre le reste du monde, elles jouent les affranchies dans un milieu bien plus dur qu'elles, et qu'elles aspirent naïvement à conquérir. Leur innocence se déguise en audace.

Cécile Mury, Télérama