Crache coeur

de Julia Kowalski



France-Pologne, 2015, 1h23
avec Liv Henneguier, Yoann Zimmer, Andrzej Chyra, Artur Steranko

Ce film est soutenu par l'ACID

Crache Coeur
Rose, jeune fille au désir trouble, s'immisce dans la vie d'un ouvrier polonais venu en France rechercher son fils. Une relation triangulaire s’installe entre les trois personnages et déclenche, peu à peu, des bouleversements dans la vie de chacun.
 
Regarder et apprendre à être regardée : violentes pulsions qui animent la jeune et insolente Rose dans cet audacieux récit. Car oui, de l’audace, de l’énergie, il en faut pour renverser ainsi notre (vieille) vision des premiers émois, des premiers désirs. Ici, pas de romantisme suranné mais un regard cru et décalé sur l’adolescence comme on l’a rarement vu avec autant de justesse. Dans ce film d’outsiders nous assistons peut-être à rien de moins qu’à la naissance d’un nouveau personnage de cinéma : non plus la jeune fille désirable, mais la jeune fille désirante. Parmi les hommes qui gravitent autour d’elle, l’érotisme, la frustration qui affleurent, Rose apprend à ne pas subir. Manipulatrice, revancharde, elle tisse sa toile pour s’emparer de ce qui la brûle. Entre Rose et Roman, tous deux d’origine polonaise, c’est l’amour vache et leur rugueuse romance (magnifiquement interprétée) nous emmène jusqu’en Pologne. Un retour aux origines, comme s’il nous fallait toujours aller au plus profond de nous-mêmes pour saisir enfin cet obscur objet du désir. Cette étincelle, la réalisatrice la scrute dès les premières images, déployant dans Crache cœur une mise en scène exigeante et minutieuse. Des cadres aiguisés aux comédiens, tout participe à nous raconter une fable où la magie s’incarne dans les corps, où la séduction opère comme un sortilège. Où regarder et être regardé sont des promesses d’éclat et de jouissance : rite initiatique que nous sommes heureux de partager avec vous.

Idir Serghine et Pascal Tessaud, cinéastes membres de l’ACID