Contre ton coeur

de Teresa Villaverde



Portugal-France, 2017, 2h16
avec João Pedro Vaz, Beatriz Batarda, Alice Albergaria Borges

Contre ton coeur
Au Portugal, le quotidien d’une famille est bouleversé : le père se retrouve au chômage et la mère doit alors cumuler deux emplois. Mais leur fille est bien décidée à ne pas se laisser abattre et à continuer à vivre sa vie d’adolescente. Une distance trouble s’installe entre eux : le début d’une lente implosion, chacun cherchant à s’adapter à sa façon à cette situation nouvelle.
 
Le point de départ du film, c’est la perte du travail du père dans ce trio familial. Comme l’égalité des sexes n’existe toujours pas au Portugal, ça m’intéressait de traiter d’une famille dans laquelle c’est le père qui perd son emploi. Quand le film commence, le drame a déjà eu lieu. On prend les personnages en route alors que la situation s’est déjà détériorée, avec beaucoup de non-dits. La mère est fatiguée, l’argent commence à manquer et les dettes s’accumulent. Le chômeur se sent coupable, inutile. Et comme souvent dans ces cas-là, celui qui travaille rejette intérieurement sur l’autre la responsabilité de ce qui leur arrive, mais, dans le même temps, se sent coupable d’être traversé par de telles pensées. Cette situation dramatique empire de jour en jour, lestée de silences et de culpabilité.

L’adolescente observe l’effondrement de sa famille, mais de loin, en observant des faits tangibles. Ce qui l’affecte le plus, en vérité, c’est que personne n’exprime ce qu’il ressent. C’est le non-dit qui fait le plus mal. Il est possible que la communication entre eux se soit brisée bien avant le contexte particulier dans lequel ils vivent actuellement.


Il fallait que je filme ces personnages de loin, et en silence, sans m’immiscer. Ma caméra ne s’approche pratiquement jamais d’eux. J’attends quand ils attendent, sans savoir ce que j’attends pas plus qu’ils ne savent ce qu’ils attendent, eux.

Après avoir vu le film, une des actrices m’a dit quelque chose de très intéressant : dans Contre ton coeur, « la solution observe le problème ». Je suis d’accord : la solution observe le problème, mais elle est incapable d’exercer un quelconque effet sur lui.

Dans le dernier plan, on essaie de comprendre, on essaie de s’approcher au plus près, on essaie d’expliquer, mais comme on est incapable de le comprendre vraiment, on se retire. Le film reste sans réponses. Il révèle simplement un désir irréalisable de repartir de zéro.

Teresa Villaverde, note d'intention




Séances

Ce film a été programmé en 2019 dans le cinéma associatif suivant :
• Le Cinématographe, Nantes